CHRONIQUE du PATRIMOINE # 4 – visite guidée confinée
Sardane virtuelle
Le monument de la sardane de Manolo Valiente
Parmi la dizaine de représentations monumentales de la sardane présentes dans le département à ce jour, la moitié est érigée dans des villes qui ont eu le titre de Ciutat pubilla de la sardana devenu, depuis 2013, Capital de la sardana. Ce label annuel valorise, à l’échelle de la Catalogne, l’implication d’une commune dans la promotion de cette danse et musique traditionnelles. Après Banyuls-sur-Mer et avant Saint-Laurent-de-Cerdans et Perpignan, le label a été attribué à Prats-de-Mollo en 1982 notamment pour son rôle joué dans la revitalisation du contrapàs. La commune fait alors appel à l’artiste Manolo Valiente, pour créer une oeuvre symbolisant l’appartenance de Prats à la catalanité. D’origine sévillane, Manolo Valiente (1908-1991) fait partie de ces exilés de la Retirada installé dans la région. Il vient alors régulièrement en séjour à La Preste accompagnant son épouse en cure. L’artiste aux talents multiples, à la fois sculpteur, peintre et écrivain, s’inspire des formes géométriques des représentations de l’Égypte antique pour la représentation d’une ronde fraternelle mixte où prédomine le triangle pour la jupe des femmes et les croisillons des lacets des vigatanes. L’ensemble, qui n’a rien perdu de sa modernité, est réalisé dans un matériau renvoyant au travail traditionnel du fer sur le massif du Canigó. Formé de tiges métalliques épaisses de 4 centimètres de large, chaque personnage stylisé a un poids approximatif de 80 kilogrammes. Installé à l’origine à proximité de l’école, le monument a été déplacé lors de l’aménagement actuel de la Porte de France. Au centre de la sculpture, un dispositif, présent au niveau du socle, permet d’allumer une flamme à l’occasion des feux de la Saint-Jean
La sardane longue est dansée à Prats-de-Mollo-la-Preste à différentes occasions notamment lors de la Festa major estivale ou des pèlerinages à l’ermitage Notre-Dame-du-Coral. Elle est enseignée aux enfants et fait l’objet de stages tout public organisés par le Foment de la sardana. La Colla Costabona l’interprète avec des chorégraphies spécifiques dites « de points variés » lors de représentations. Enfin, mi-mai se tient habituellement depuis deux ans un concours de composition de sardanes à danser sur la place du Foiral.
Les visites guidées généralistes de la ville, habituellement programmées en saison, démarrent de la place du Foiral, à proximité du monument de la sardane de Manolo Valiente. En attendant une nouvelle programmation et de pouvoir danser de nouveau main dans la main, suivez-nous sur les réseaux sociaux…
CHRONIQUE du PATRIMOINE #3 – visite guidée confinée
08 MAI VIRTUEL
Le monument aux morts d’Han Coll
Érigé en 1923, le monument aux morts de la place du Foiral commémore une première guerre mondiale particulièrement meurtrière pour la commune rurale de Prats-de-Mollo. Sa conception a été confiée à Han Coll, un artiste originaire de Montferrer. Œuvre monumentale de 4m50 de haut, il représente un Poilu s’apprêtant à lancer une grenade campé devant un obélisque massif en granite local. Parfaitement intégré dans le paysage urbain, il veille d’ordinaire sur les parties de pétanque, les jeux des enfants et les festivités saisonnières. La statue en bronze est aussi le point de rendez-vous des commémorations des différents conflits dont celle du 8 mai qui marque la fin de la Seconde Guerre mondiale en Europe et qui est associée à un hommage dans le cimetière près du carré militaire.
En savoir plus :
- « Un lieu, un artiste, une mémoire. Le monument aux morts de Prats de Mollo», Revue Costabona, n°3, 2014
- Rosenstein Jean-Marie, Un artiste catalan peu connu Han Coll, Terra Nostra, 2010
Les visites guidées généralistes de la ville, habituellement programmées en saison, démarrent de la place du Foiral, à proximité du monument d’Han Coll. En attendant une nouvelle programmation, suivez-nous sur les réseaux sociaux…
CHRONIQUE du PATRIMOINE # 2 – visite guidée confinée
1er MAI VIRTUEL
Férié des deux côtés de la frontière comme dans de nombreux pays, le jour du 1e mai célèbre les travailleurs. Reprise par la suite par différentes formations politiques, cette date a été initialement choisie, dès la fin du XIXe siècle, comme jour de lutte pour l’évolution des conditions de travail. La fête du travail actuelle est l’occasion d’évoquer la partition sociale qu’a jouée le Haut-Vallespir dans la formation de la cause ouvrière dans les deux anciennes villes industrielles que sont Saint-Laurent-de-Cerdans et Prats-de-Mollo. Dès la fin du XIXe siècle, alors que se développent des ateliers mécanisés de fabrication d’espadrilles, de tresse et de toile, des sociétés de secours mutuel et de coopération jusqu’à des syndicats (comme c’est le cas à Prats en 1905) y sont également créés. L’émergence rapide d’une société ouvrière sur ce territoire de moyenne montagne s’accompagne de grèves visant à améliorer les conditions de travail : en 1912, un mouvement social se déclenche à l’usine Bô et Résural, alors située sur la rive droite du Tech, alors qu’à Saint-laurent ce ne sont pas moins de 500 femmes qui cessent le travail pour obtenir de meilleurs salaires.
Par la suite, l’industrie textile pratéenne, issue d’une tradition artisanale médiévale, est mise à mal par la crise économique des années 1930, les conflits mondiaux puis par les nombreux dégâts matériels causés par les crues de 1940 et 1942. Le patrimoine industriel textile n’en reste pas moins remarquable avec la présence de bâtiments de différentes usines à l’origine liées par une même famille d’industriels, celle des Guiu. Caractérisées par de vastes toitures en shed et des façades de qualité, celles de Perella, construite dans les années 1940, et de la Bernède connue comme « la colonie » en sont les principaux témoins. Cette dernière, dont l’histoire complexe a été finalement peu liée à celle du textile, est depuis peu propriété de la commune et fait l’objet d’une réhabilitation. Une partie du vaste édifice sera réservée à la valorisation du territoire avec une salle d’exposition des Pratéens et un CIAP, centre d’interprétation de l’architecture et du patrimoine du Pays d’Art et d’Histoire transfrontalier Les vallées catalanes.
Des visites guidées thématiques sur les traces du patrimoine industriel et de la mémoire ouvrière sont habituellement programmées en saison avec la découverte des anciennes activités artisanales, des moyens mis à disposition (cours d’eau, transports…) ou des usines dont celle dite « de la Llata ». En attendant une nouvelle programmation, suivez-nous sur les réseaux sociaux et pensez au muguet…
CHRONIQUE du PATRIMOINE # 1 – visite guidée confinée
SANT JORDI VIRTUELLE
En Catalogne, la fête de la Sant Jordi mêle diverses célébrations inspirées par ce personnage devenu légendaire. Soldat romain martyr chrétien du IVe siècle, protecteur des monarques catalans dès le XVe siècle, il prend la forme d’un vaillant chevalier libérant une princesse prisonnière des griffes d’un terrible drac (dragon) duquel naît un rosier. Dès l’époque médiévale, la Cort (cour) de Catalogne institue en son sein, le 23 avril, une foire de la rose, symbole de l’amour courtois. Au XIXe siècle, la Renaixança, mouvement politique culturel, fait de Jordi le patron de la Catalogne, Georges étant également le patron de divers pays comme l’Angleterre ou le Portugal. Depuis l’instauration du Dia del llibre (Jour du livre) en Espagne en 1926, une fête des libraires très populaire s’est développée autour de l’usage de s’offrir des livres et des roses.
En 1995, l’Unesco crée la Journée mondiale du livre et du droit d’auteur et choisit la date du 23 avril célébrant ainsi le décès d’écrivains comme Cervantès et Shakespeare. Cette journée vise à promouvoir le plaisir, rassembleur, de la lecture, le livre constituant un pont possible entre les générations et les cultures.
Fin avril, à Prats-de-Mollo-la-Preste, comme ailleurs en Catalogne du Nord, sont fêtés la littérature et la culture catalane avec comme programme habituel : un concours de poèmes en catalan pour les écoliers pratéens, une conférence et un petit-déjeuner littéraires, une représentation de la Colla Costabona et une distribution de roses.
Les partenaires associatifs locaux de la Sant Jordi pratéenne sont les suivants : l’association Sant Jordi de Catalunya Nord, l’association Point de suspension, la Colla Costabona et l’association des commerçants et artisans. Trois commerces proposent des ouvrages à la vente : la librairie Sant Jordi G. Guisset, le bouquiniste P. Lluis et la Maison de la presse J.F. Alis. Seul ce dernier établissement reste ouvert tous les matins en cette période de confinement.
Des balades littéraires dans la ville sur les traces du patrimoine du XXe siècle sont habituellement programmées en saison notamment le jour du 23 avril. En attendant la prochaine in situ, vivez une Sant Jordi virtuelle grâce aux réseaux sociaux ou à des sites internet comme celui de la médiathèque intercommunale du Haut-Vallespir : https://mediatek66.mediatheques.fr/